Historique

Quand Vitry s’appelait....

Quand Vitry s’appelait Victriacum ou Vitriacum

Vitry doit-il son nom à un Victor le vainqueur, au passage, sur la route des Gens d’armes, des légions romaines « legio Vitrix » se dirigeant vers la Grande Bretagne ou à un atelier de verrier ?

A la fin du premier millénaire les écrits anciens citent, « Victriacum villam », accueillant Louis le Pieux, partant pour les Etats de Bretagne[1], en 818. Le nom évolue en « Vitriacus » pour voir apparaître le terme legio, dans un acte de Philippe-Auguste, en 1190, puis « Vitriacum in Logiis » sous Louis IX, en 1268, « Vitry ô loge », vers 1400, « Vitry au loge » vers 1500 et « Vitry-aux-Loges » depuis le XVIIe.

Adrien Valois[2] dit qu’à l’origine la forêt d’Orléans se nommait Forêt des Loges, « leodia silva », expression datée de 990, désignant des bois en communauté « bois commun ».

Il est admis que le nom de « Leodia silva », l’actuelle Forêt d’Orléans, a le même sens que « Leodicum », Liège en Belgique. Dans un acte par lequel Hugues Capet, en 990, confirme les franchises de l’église d’Orléans, il est question de « Leodie quoque Silvae venationem ».

« Quand le sens du mot loge ne fut plus du tout compris, on crut qu’il s’agissait de loges ou cabanes de bûcherons ». Ce nom est rattaché à plusieurs villages de la forêt : Vitry-aux-Loges, Fay-aux-Loges, Courcy-aux- Loges et autrefois Choisy-aux-Loges (Bellegarde), Neuville-aux-Loges (Neuville-aux-Bois), localités construites dans l’aire occupée anciennement par cette forêt. »[3] Donc villages dans les bois, dans la forêt.

La dernière opinion prévaudra cependant et donnera naissance des siècles plus tard aux armes de Vitry-aux-Loges : « D’or à la loge forestière de gueules soutenue de deux branches de chêne de sinople, les pointes passées en sautoir. » Une devise y était inscrite dans les années 1920 : « Labeur et progrès. » Cette inscription fut supprimée, jugée trop proche, paraît-il, de la devise de la France pétainiste.

A l’époque gallo-romaine, l’essartage (défrichement, notamment par le feu) et le pâturage des troupeaux de moutons et de chèvres se développent. Une villa, au IIIe et IVe, a dû exister comme le prouvent quelques traces à l’emplacement de la salles fêtes. Un cimetière de la même époque recouvrait une partie de la rue Gambetta. Le style des sépultures peut permettre de le dater.

Le lieu-dit, motte Saint-Médard, situé entre le château royal et le Plessis, pourrait faire penser que, comme tous les lieux dédiés à Saint-Médard, il fut autrefois un sanctuaire du dieu Mars.

En l’an mil

Dès le XIIe, les moines de l’abbaye de la Cour Dieu (Ingrannes) font procéder au défrichement de la forêt, par exemple, des bois de Cercœur (du nom sarclage), et à la création d’étangs. Ils seront suivis par les seigneurs locaux. Les étangs sont développés, aménagés pour la piscicultures.

Vitry-aux-Loges a constitué un lieu de résidence pour les chasses royales en la forêt d’Orléans, avant l’an mille. Louis le Débonnaire aurait été le premier roi à y pratiquer la chasse à courre. Des limites des chasses, il reste le nom des bois de la Courie entre Vitry et Fay.

« Vitry était une enceinte palissadée, murée peut être, qui renfermait plusieurs maisons de pierre dominées par une grosse tour carrée… Là pouvaient être convoqués et logés les barons du royaume pour les occasions où le roi, mêlant ses affaires au plaisir, voulait présider en ce lieu les assises de sa cour[4]. » Aucunes fouilles archéologiques et aucun texte ne viennent confirmer cette assertion.

Dès le IXe siècle, il existait une première église et un prieuré dépendant de l’abbaye de Fleury, dite de Saint-Benoît, bâtie par Robert le Pieux. Le bas de la tour conserve des traces de cette époque.

Henri Ier, roi de France de 1031 à 1060, serait mort, le 4 août 1060, dit la légende, au château de Vitry-aux-Loges. Ce fait n’est attesté par aucun texte, mais propagé au XIXe, sans preuve. Une charte de 1052 qui n’est peut-être qu’un faux et une de 1196 mentionnent : « Actuem Vitriaci in regio palatio… »[5]. Cet enclos royal, suivant les périodes, eut plus ou moins d’importance. Il subit les agressions des guerres, les outrages du temps et ceux des habitants. Louis le Gros, étant au palais de Vitry, y rédigera l’acte de donation de l’église de la Cour-Dieu à la cathédrale d’Orléans, en 1123.

Le château du Plessis, demeure des Bouteiller de Senlis puis d’Orléans, fut chargé de représenter le pouvoir royal. Son seigneur fut chargé de percevoir les impôts versés au pouvoir.

[1] Ermoldus Nigellus, De rebus gestis Ludovici Pii, Historiens de France.

[2] Adrien Valois, 1607-1692, Historiographe Ordinaire de France.

[3] Jacques Soyer, Recherches sur l’origine et la formation des noms de lieux du département du Loiret, extrait du Bulletin de la Société Archéologique et Historique de l’Orléanais.

[4] Jules Quicherat « Histoire de Vitry-aux-Loges », Mémoires de la Société Archéologique et Historique de l’Orléanais, 1853.

[5] Ordonnances des Rois de France.

Du XVe au XVIIIe

A partir du Moyen Âge, Vitry-sur-Loges devient le siège de plusieurs juridictions : Châtellenie (1268), Prévôté, à la fin XIIe, puis Baillage et siège de l’administration de la garde forestière de Vitry. Le prévôt vers 1590, ne loge pas dans un château.

Cette période fut marquée par des évènements importants.

Le château royal

Les archives départementales nous apprennent qu’au temps des guerres anglaises, les habitants de Vitry, Combreux et Seichebrières, se tenaient et avaient leurs biens retraits au Chastel de Vitry. Au début du XVe siècle, le château existait encore puisqu’il fut détruit dans un incendie en 1403. En 1428, Vitry est toujours forteresse militaire. Raymond de Mascaran, le capitaine du château, fournit les canons et prend part aux combats du siège d’Orléans. En 1452, le même Raymond fait commandement aux habitants et manants de Vitry, Combreux et Seichebrières « qu’ils fissent le guet et garde au Chastel du dict lieu de Vitry ung chascun d’eux une foyz par moys ou qu’ils paiassent audict capitaine 8 deniers parisis pour chascune fois qu’ils dêfauldroient à faire le dict guet. » Les intimés résistèrent à cette prétention et firent valoir « que de tout temps ils avoient été exempts d’une telle charge. Ils invoquèrent un autre argument, c’est ascavoir que ledict chastel étoit lors inhabité et n’y demeuroit ne habitoit personne, fust ledict capitaine ou aultre et que ledict chastel estoit clous et fermé ». Raymond de Mascaran capitaine de la Châtellenie habitait alors le château de Laas.

Toutefois, il restait encore un logis, une salle de justice, des prisons. Ces restes furent détruits, en 1630, lors d’une tempête et en partie restaurés par le capitaine de la châtellenie, Henri de Cardaillac. La cession de Vitry à la famille Phélyppeaux de la Vrillière, seigneur de Châteauneuf-sur-Loire, par Gaston d’Orléans, provoque un déclin de Vitry. Les reconnaissances de foi et hommages se faisaient devant la porte du château. Après sa destruction, elles se firent sur l’emplacement jusqu’à leur abolition par le duc de La Vrillière. Les impôts y étaient payés le jour de fête de Saint-Rémi, le premier octobre. Le château, en ruine, est rasé et transformé en pré, en 1767. Il faut « obliger le preneur de ladite place du chasteau de Vitry de l’applanir et combler le tout ou partye des dicts fossés… »

Construction de châteaux

Plusieurs résidences seigneuriales vont entourer le Plessis à partir du XVe siècle. Toutes sont en briques. La Motte, puis Vaux construit par les de Bridier et Jarnonce, par les Morainville. Ce sont des demeures privées et non des sièges administratifs. Si certains de leurs propriétaires sont capitaines de la châtellenies ou maîtres de la garde forestière, ils logent dans leurs résidence personnelles. Les fonctionnaires, tels les gardes du scel de la châtellenie, habitent dans leurs propres châteaux, ainsi les Carmenou, seigneurs engagistes de Combreux.

 

La Guerre de Cent Ans

L’église sous le vocable de Saint Médard, fut incendiée, pendant la Guerre de Cent Ans et le village pillé par les troupes de Robert Knolles. L’église fut reconstruite à partir de 1530. Elle subira des réfections au XVIIe. A l’intérieur, on peut y trouver des reliques de Saint-Médard, Saint Roch et Saint Sébastien. Le retable en chêne est  daté de 1656. Le tableau, représentant une adoration des mages, fut peint par l’atelier du peintre orléanais, Pierre Poncet (1612-1659), et offert par François Picot, seigneur de Vaux.

La Révolution

Sous l’Ancien Régime, à la veille des États généraux de 1789, la paroisse de Vitry-aux-Loges était rattachée sur le plan ecclésiastique au diocèse d’Orléans, sur le plan judiciaire au bailliage d’Orléans, sur le plan militaire au gouvernement d’Orléans et sur le plan administratif à la généralité d’Orléans et au grenier à sel de Châteauneuf.

La paroisse acquiert le statut de « municipalité » par décret de l’Assemblée Nationale, de novembre 1789 puis celui de « commune », par le décret de la Convention nationale du 10 brumaire an II (31 octobre 1793).

Le XIXe, au fil des régimes

Empire, monarchie et républiques

An II-an IV, Joseph Lebert, dernier capitaine de la châtellenie, est élu premier maire républicain de Vitry. La commune est rattachée au district de Boiscommun de 1790 à 1795. La Constitution del’an III, appliquée à partir de l’an IV (1795) supprime les districts. Le 10 février 1790, Vitry devient canton de Vitry-aux-Loges. Les cantons administratifs sont supprimés, en 1793, ne conservant qu’un rôle électoral.

Sous le Consulat, le nombre de justices de paix et de cantons est réduit. Vitry-aux-Loges est rattaché, par arrêté de l’an X (1801), au canton de Châteauneuf. Les maires prêtent serment à l’empereur, aux rois, aux républiques.

Auguste Soret, maire de 1881 à 1900 va faire construire les écoles. Le village doit à Octave Dupont, maire de 1918 à 1943, le monument aux morts en 1921, la salle des Fêtes en 1932.

Le canal

La construction du canal entre 1670 et son ouverture, en 1692, vont modifier profondément le pays. Suppression du cours de la rivière, occupé par le lit du canal, préemption des terres de culture nécessitant de l’eau, comme la culture du chanvre, suppression des moulins à eau, difficulté pour le bétail de traverser le canal malgré quelques ponts tournant. Mais le commerce se développe : cafés, épiceries, boucheries ouvrent pour les mariniers. La population évolue : éclusiers, maçons, charpentiers, terrassiers pour l’entretien du canal et des écluses.

L’arrivée du train

Malgré le soutien de monsieur de Courcy, conseiller général, de monsieur de Beauregard, maire, l’avis de la population représentée par monsieur Bouilly, aubergiste, dès 1870, ce n’est qu’en 1874 que la ligne Orléans-Montargis-Châlons est inaugurée. L’arrivée du train va entraîner un afflux de touristes parisiens. Les jeunes de Vitry vont travailler dans la capitale. L’achitecture du village se modernise. Des compagnons maçons creusois se fixent à Vitry. Des villas et des hôtels fleurissent : Le Petit Jarnonce, la villa Raymond ou château de Monaco, l’Hôtel de la Gare, l’hôtel Pommeraie, …

Vitry à travers les guerres

Théobald de Beauregard, maire de 1852 à 1861 et de 1862 à 1874, aura à subir la présence prussienne, lors de la guerre de 1870. Un hôpital militaire est installé dans le château de la Motte. Félix Ursin, maire de 1912 à 1918, aura la lourde tâche de gérer Vitry pendant la guerre de 1914 à 1918, avec la présence de prisonniers allemands.

Pendant la dernière guerre de 1939-1645, Octave Dupont, puis Jules Beuslin sont confrontés à la présence allemande, aux réquisitions, à l’aide aux familles de prisonniers…

L’abbé Visage, curé du village, va diriger un groupe de résistants, durant la Seconde Guerre mondiale. Le colonel O’Neill, fin mars 1944, est nommé Délégué militaire régional pour la Région P2. Il quitte Paris et s’installe à Vitry-aux-Loges, au lieu-dit « La Folie » d’où il dirige la résistance jusqu’en juillet 1944, en liaison avec les maquis cachés dans la forêt.

Vitry vers l’avenir

En 2013-2014, la loi et ses décrets introduisent un nouveau découpage territorial pour les élections départementales. La commune est rattachée au nouveau canton de Châteauneuf-sur-Loire, devenu uniquement une circonscription électorale. Vitry-aux-Loges est rattachée à l’arrondissement d’Orléans depuis sa création en 1801 et à. la 6e circonscription législative.

La commune est située sur le Site Natura 2000

Elle fait maintenant partie de La Communauté de communes des Loges. Sa superficie s’étend toujours sur 44,06 km². Ses habitants devenus des Vitrylogiens et Vitrylogiennes après avoir été dénommés Vitriots puis Vitryats sont aux nombres de 2269 habitants depuis le recensement en 2019 et estimée à 2422 en 2023

Elle connait une hausse de population, favorisée par la présence de commerces, de différentes industries, de nombreux lotissements. La proximité de la capitale régionale, Orléans attirent une population jeune.

 

Le maire de Vitry-aux-Loges, Monsieur Arnaud DE BEAUREGARD est élu pour le mandat 2020-2026.

Il est possible, en outre, de consulter les parutions d’Histoire locale ACT:

Des livres : Vitry-aux-Loges d’un millénaire à l’autre ; Album de famille

-Des brochures

  •  1 – Promenade sur la route de Saint-Benoît, du pont de pierre à la Chapelle
  • 2 – La guerre de 1870
  • 3 – Promenade autour du Plessis, du pont de pierre à l’église
  • 4 – Promenade sur les terres de Vaux, du pont de pierre au château de Vaux
  • 5 – Promenade dans la grande rue pavée du bourg
  • 6 – Promenade parmi les souvenirs, le cimetière de Vitry, lieu de mémoire
  • 7 – Un projet sur cinq cents ans, le Bourgneuf et la Croix Bougée
  • 8 – Les ports du canal au XIXe siècle, les cahiers d’Edmé Delaveau
  • 9 – Le parler de nos ancêtres, essai de glossaire
  • 10 – De Vitry-aux-Loges à Verdun, carnet de route du soldat Raoul Dion
  • 11 – Jarnonce, grandeur et décadence d’une seigneurie
  • 12 – Noms et prénoms depuis le XVe siècle
  • 13 – A la recherche de la Cigogne
  • 14 – Les Caduels, entre forêt et canal
  • 15 – Population et migrations au cours des siècles
  • 16 – Les Climats de Morche, de la Chênetière et du Gué Girault
  • 17 – Promenade autour de la Motte lès Vitry
  • 18 – Promenade du Climat des Moreaux au Climat du Chaillot
  • 19 – Du fief du Coulmier au Climat de la Justice
  • 20 – De la Mairie du Montereau aux Vagues de la Cogelière
  • 21 – Lettres d’un fermier du Plessis à son propriétaire, 1792-1806
  • 22 – Les Quatre Piliers de Vitry : Santé
  • 23 – Les Quatre Piliers de Vitry : Religion
  • 24 – Les Quatre Piliers de Vitry : Education
  • 25 – Les Quatre Piliers de Vitry : Administration
  • 26 – 16 juin 1940
  • 27 – Henri Ier
  • 28 – De la Malloie à la Grossinière

En vente chez « Evolutif coiffure », Fabrice AIGRET, 48 Rue Gambetta, 45530 Vitry-aux-Loges.